Patricia Nogal, fondatrice du groupe d’entreprises Nodum Corporate, a accordé une interview à Le Figaro, que nous vous transcrivons ci-dessous. Nous remercions ce média pour sa gentillesse de nous permettre de publier le contenu sur notre blog.
Ici, vous pouvez écouter l’interview complète.
« L’Andorre peut être vue comme un coffre-fort. Si vous souhaitez créer une société en Andorre, faire des investissements et ne pas y toucher, c’est un trésor très bien sécurisé », Patricia Nogal, CEO et Cofondatrice de Nodum Corporate.
Patricia Nogal a débuté sa carrière dans le conseil financier, évoluant dans le milieu de la banque privée. Son expertise et son sens aigu des affaires l’ont amenée à diriger une société de gestion de patrimoine, avant de cofonder sa société de conseil financier, KUDO INVEST. En 2021, elle franchit une nouvelle étape en fondant Fidencis, une société du groupe Nodum Corporate, à travers laquelle elle aide les familles et entrepreneurs à s’installer en Andorre. Elle aborde ici les enjeux de l’expatriation en Andorre, une destination qui recèle d’avantages fiscaux, tant pour les personnes physiques que morales.
Tout d’abord, Patricia, pouvez-vous nous présenter les activités du groupe Nodum Corporate ? Et plus précisément, comment accompagnez-vous les Français et étrangers dans leur installation en Andorre?
Patricia Nogal: Permettez-moi d’abord de revenir sur les origines du Groupe Nodum Corporate, car elles sont essentielles pour comprendre nos valeurs et notre approche client. Le Groupe est né avec la société KUDO INVEST, spécialisée dans le conseil financier, qui est ma profession de base. En parallèle, il y a rapidement eu ESTRINT, une société de gestion de projets immobiliers dirigée par mon associé, également cofondateur du groupe. C’est l’union de ces deux grands univers, le financier et l’immobilier, qui nous a permis de créer une offre unique d’investissements en Andorre. Et nous a aussi fait voir l’importance de développer les services d’accompagnement aux investisseurs locaux ou étrangers qui souhaitaient s’installer en Andorre. Car ils étaient souvent conseillés que d’un point de vue purement administratif, sans avoir une vision suffisamment profonde du client. Or, cette dernière est foncièrement nécessaire si l’on veut éviter de nombreux problèmes dans le parcours que doit suivre un expatrié.
C’est pour cela qu’est née FIDENCIS, la société à travers laquelle nous offrons des conseils juridiques, fiscaux et un accompagnement complet aux expatriés, avec la rigueur et les valeurs d’une société financière. Ce qui différencie FIDENCIS c’est que nous ne commençons jamais le conseil du côté andorran, mais toujours du côté du pays où se fera la sortie fiscale. Bien faire la sortie du pays d’origine, c’est la seule façon d’assurer que l’expatriation en Andorre sera réussie et évitera à coup sûr une série de problèmes d’ordre financiers et fiscaux à moyen et long terme. Après, comme je me plais souvent à le dire, le côté andorran, c’est le côté facile !
Vous conseillez également vos clients sur une étape clé de l’expatriation, qui se détermine en amont de l’arrivée en Andorre : le statut de la résidence. À savoir, qu’il faut déterminer si leur résidence sera active ou passive. Pouvez-vous nous expliquer un peu mieux les implications et les enjeux de chaque statut?
Patricia Nogal: Oui effectivement, comme vous le dites très justement, c’est un point clé qui est parfois sous-estimé. Bien souvent, l’expatrié choisit le statut avant de se faire conseiller sur celui qui lui convient le mieux. Et parfois ce choix n’est pas correct.
De manière générale, nous avons d’une part la résidence active, qui signifie que l’on vient en Andorre pour réaliser une activité économique. C’est-à-dire à travers la création d’une société andorrane qui devra avoir un chiffre d’affaires et payer ses impôts, sur laquelle le gouvernement nous donnera l’autorisation de résidence.
D’autre part, nous avons ce que l’on appelle la résidence passive, qui est une résidence sans travail. Avec celle-ci, on n’aura donc pas le droit de travailler en Andorre. Et pour obtenir ce statut, il est nécessaire de faire un investissement minimum de 600 000 euros en Andorre. Un investissement qui peut se faire sous diverses formes : immobilier, financier, ou encore la participation dans le capital d’une société andorrane.
Pour être capable de prodiguer un bon conseil, il faut donc toujours bien connaître le projet du client, ses moyens pour l’exécuter et son compromis pour l’aboutir. On ne peut jamais faire de généralisation. À partir de là, nous déciderons quel modèle d’expatriation convient le plus : actif ou passif. Ou si au contraire, l’expatriation n’est pas possible. Le projet sur l’Andorre devra alors être abordé en tant que non-résident, ce qui est parfois une des meilleures solutions dans un premier temps.
Vous avez un exemple à nous donner?
Patricia Nogal: On peut prendre l’exemple d’un couple de retraités qui souhaite s’expatrier en Andorre. L’approche généraliste serait sûrement de dire qu’il faut choisir un statut de résident passif, car ils ne vont pas exercer une activité économique. Ce ne sera toutefois pas le meilleur conseil possible si ce couple veut, en réalité, venir en Andorre avec un projet de gestion de leur patrimoine financier et immobilier. Dans ce cas de figure, ils pourraient s’installer avec le statut de résidents actifs par la création d’une société patrimoniale à travers laquelle ils pourraient faire toute la gestion de leurs actifs.
« La capacité d’accueil de l’Andorre n’est pas infinie. Aujourd’hui, c’est un moment très favorable pour s’expatrier, mais nous ne pouvons pas garantir la pérennité de ces facilités« . Patricia Nogal, CEO et Cofondatrice de Nodum Corporate
L’Andorre se distingue par sa politique fiscale favorable envers tous les niveaux de revenus, ce qui n’est pas toujours le cas des autres pays proposant des incitations fiscales pour attirer des résidents actifs. En conséquence, qui trouve-t-on en Andorre? Quel type de profil est attiré par ces avantages?
Patricia Nogal: Oui exactement, à la différence d’autres pays comme la Suisse ou Monaco, l’Andorre est encore accessible à un profil très large de résidents. L’Andorre attire ainsi des profils du type nomade digital, influenceurs ou consultants freelance qui souvent ont besoin de très peu de structures pour faire leur travail. Mais aussi des startups, des sociétés établies dans le médical avec des départements de recherche et développement intensifs en capital humain ou des holdings. Par contre, il faut noter un point très important : la capacité d’accueil de l’Andorre n’est pas infinie. Les ressources d’un pays de 85 000 habitants et de 468 km² sont évidemment limitées. Aujourd’hui, c’est un moment très favorable pour s’expatrier, mais nous ne pouvons pas garantir la pérennité de ces facilités. À court terme, nous prévoyons que notre gouvernement commencera à durcir les conditions d’entrée, probablement en adoptant un modèle avec des exigences beaucoup plus élevées.
Est-ce que ces profils ont évolué avec le temps?
Patricia Nogal: Oui et c’est une évolution positive pour le pays, car l’évolution est qualitative. Pour comprendre cela, il faut expliquer que l’ouverture économique de l’Andorre s’est faite seulement l’année 2012. Avant 2012, l’Andorre était un pays totalement fermé vis-à-vis des investisseurs résidents ou étrangers. Il y a dix ans, l’intérêt pour l’Andorre était principalement motivé par l’optimisation fiscale, sans véritable établissement de résidence fiscale. Mais ces dernières années, la situation a considérablement évolué. Et aujourd’hui, les nouveaux résidents sont principalement attirés par notre qualité de vie, composée par les hauts niveaux de sécurité ainsi qu’un cadre fiscal très compétitif au sein de l’union européenne. Et du point de vue social, auparavant, nous avions essentiellement des entrepreneurs individuels qui se déplaçaient en solitaire. Tandis que maintenant nous voyons de plus en plus des déplacements en famille. L’année dernière nous avons eu 1 012 pétitions d’investissement étranger, dont 242 qui étaient de nationalité française.
En Andorre, on peut à peu près tout optimiser fiscalement, y compris le véhicule de fonction. Une fois que l’on a, par exemple, formé sa holding, qu’est-il intéressant de faire ? Si l’on souhaite ouvrir des filiales dans d’autres pays, avec quels pays l’Andorre a-t-elle des accords bilatéraux avantageux?
Patricia Nogal: Évidemment, on ne peut pas parler de l’Andorre sans évoquer la simplicité de son cadre fiscal. L’Andorre, tout en respectant les normes de l’OCDE, n’a que quatre impôts en vigueur : l’impôt sur les sociétés à 10%, l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) plafonné à 10%, l’impôt sur les revenus des non-résidents fiscaux à 10%, et l’impôt général indirect (IGI), équivalent à la TVA, à 4,5%. C’est pourquoi je dis toujours qu’en Andorre, il ne faut pas perdre son temps avec l’optimisation fiscale. On accepte volontiers de payer ces impôts car ils sont justes, surtout si l’on considère la qualité de vie, ainsi que notre système sanitaire et éducatif.
Quels sont les avantages de la holding en Andorre ? Dans certains pays comme la France par exemple, au bout de x-années de détention des actifs au sein de la holding, on peut les retirer sans être imposé. Quelles sont les particularités de l’Andorre à ce sujet?
Patricia Nogal: C’est vrai qu’un cas de figure de plus en plus récurrent est celui des entrepreneurs qui décident de déplacer leur holding en Andorre et de garder les filiales en France ou autres pays si leur business est international. Dans ce cas-là, il convient de rappeler que l’impôt sur les dividendes en Andorre est à 0% ainsi que l’impôt sur les donations et successions. Mais aussi que l’Andorre a actuellement 17 conventions signées permettant d’éviter une double imposition et continue de mener à l’heure actuelle des négociations avec plusieurs pays (voire liste à la fin de l’article, ndlr). Avec tous ces accords l’Andorre devient de plus en plus compétitive pour créer ou transférer des holdings, avec des avantages fiscaux conséquents si le propriétaire réside fiscalement en Andorre.
Puisque nous parlons de transférer ses actifs, que peuvent espérer trouver les étrangers en déplaçant leurs actifs financiers en Andorre ? Comment est constitué le paysage bancaire?
Patricia Nogal: Actuellement, nous avons trois groupes bancaires en Andorre, suite à une période de fusions et acquisitions similaire à ce que l’on a observé à l’échelle mondiale depuis la crise financière. Le secteur bancaire est l’un des principaux moteurs économiques de la principauté, contribuant à hauteur de 14% au PIB du pays.
Il est important de rappeler que l’Andorre n’est plus considérée comme un paradis fiscal depuis 2016-2017 et que le pays a levé son secret bancaire. Ces changements ont contribué positivement à l’ouverture économique du pays et à l’amélioration des relations internationales. L’un des attraits du secteur bancaire andorran est sa solvabilité, avec un ratio de solvabilité (CET1) de 17% au 31 décembre 2023, contre une moyenne de 15,5% pour les banques en France. En tant que conseillère financière, je pense que, outre la solidité du système financier andorran, un des avantages est que les banques andorranes, via des gérants indépendants, offrent l’accès à des placements financiers très intéressants en termes de rentabilité. Ces opportunités, dans des pays comme la France ou l’Espagne, seraient réservées aux investisseurs institutionnels.
Faut-il être résident pour pouvoir bénéficier des avantages de l’Andorre?
Patricia Nogal: C’est une excellente question. Pour pleinement bénéficier du cadre fiscal andorran, il faut effectivement être considéré comme résident fiscal en Andorre, ce qui implique de déplacer son centre d’intérêt économique et vital en Andorre. Un des points clés pour cela est de résider en Andorre plus de 183 jours par an. Cependant, rien n’empêche un Français de créer une société patrimoniale en Andorre, à travers laquelle il peut réaliser des investissements financiers ou immobiliers, qui seront taxés à 10%. Graphiquement, c’est comme avoir un coffre-fort en Andorre : tant que l’on ne touche pas aux dividendes, l’épargne s’accumule.
Qu’en est-il de l’achat d’immobilier en Andorre ? Est-ce que l’on est sur un marché stable, spéculatif, est-ce qu’il y a du saisonnier ou encore un segment luxe. Qu’est-ce qu’il est intéressant d’acheter en ce moment ? Et surtout, qu’est-ce vous proposez à travers le groupe Nodum?
Patricia Nogal: Le secteur immobilier est l’un des grands attraits de l’Andorre. En 2023, sur 1012 demandes d’investissement étranger, 430 concernaient l’achat d’un ou plusieurs biens immobiliers. Personnellement, je reste très optimiste quant aux investissements immobiliers en Andorre car, contrairement à d’autres pays comme le Portugal ou Dubaï, la hausse des prix sur ce marché résulte d’une demande réelle de logement et non d’investissements spéculatifs. Lorsque la demande provient principalement de nouveaux résidents ayant un besoin réel de logement, et que nous sommes dans un territoire où le terrain est vraiment limité, nous avons les deux ingrédients pour que cette hausse des prix soit durable. Même dans un scénario pessimiste de crise immobilière, comme celle de 2007-2008, les prix n’ont pas vraiment baissé mais stagné, car la rareté des terrains fait que la loi de l’offre et de la demande fonctionne très bien. Notre groupe NODUM possède un avantage compétitif certain dans ce secteur, car nous sommes propriétaires de terrains que nous offrons exclusivement à nos clients investisseurs, leur permettant de développer leurs projets immobiliers à travers nous.
Pour conclure, quelle serait la devise du groupe NODUM ? Quel regard portez-vous sur l’expatriation en Andorre?
Patricia Nogal: Notre devise serait: les synergies intelligentes. Pour conclure, si je devais mentionner un point fort du groupe, ce serait que NODUM permet aux personnes et aux entreprises qui s’installent en Andorre d’avoir un interlocuteur unique avec une vision globale à long terme, tout en étant très spécialisé. Nous offrons des solutions à tous leurs besoins.
Liste des pays avec lesquels l’Andorre a signé une convention de double imposition (CDI):
- France
- Espagne
- Portugal
- Émirats arabes unis
- Luxembourg
- Croatie
- Belgique
- Liechtenstein
- Malte
- Saint-Marin
- République tchèque
- Monaco
- Corée du Sud
- Chypre
- Hongrie
- Pays-Bas
- Islande